Elle a 12 ans et il va se passer quelque chose dans sa vie qu'elle n'oubliera jamais...
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**LES VACANCES DE CAMILLE**
Et voilà. Encore une fois sa mère l’a inscrite dans une colo nulle. Rien qu’à voir la tête des enfants qui montent avec elle dans le bus, elle en est sure : ses vacances vont être ratées.
Camille se colle près de la vitre, au fond du bus, et elle regarde dehors. Elle voit sa mère qui parle avec une autre mère et qui ne la regarde pas, elle, qui part pour 1 mois.
D'ailleurs, elle part "On ne sait où" vu que sa mère lui a encore certainement raconté n’importe quoi pour mettre en valeur ce qu’elle a surement trouvé de moins cher. De moins cher et de plus long.
Camille le sait : Sa mère veut être tranquille. Elle a d’autres choses à faire que de s’occuper de ses enfants pendant les vacances. 2 mois, c’est long. C’est même interminable pour une mère comme elle.
Camille évite de croiser son regard, sinon à chaque fois, une douleur sourde remonte au cœur et Camille a appris à éviter les douleurs sourdes.
Elle sent que ça ressemble trop à de la peur ou a de l’envie de courir dans les bras de maman pour lui dire : "Je veux rester" et l’entendre répondre : « bien sur ma chérie, prend ta valise, on rentre ».
Sa mère ne lui dira jamais ça. Elle se demande plutôt dans combien de temps le bus va partir.
Camille enterre la douleur. Sa respiration courte et saccadée enfonce « tout ça » bien profondément.
Elle ne ressent plus rien. Par contre, elle pense…
Elle pense que vu les enfants qu’elle croise et le style des parents qui accompagnent, le camp où elle va ne doit pas être le Paradis des voiliers dont lui a parlé sa mère.
Sa mère invente un monde qui la met en valeur et qui lui permet de clamer haut et fort à ses amis qu’elle est une bonne mère qui s’occupe à merveille de ses enfants et tout ça, sans l’aide du père qui a "disparu".
Elle est une championne, qu’on se le dise et surtout, qu’on LE LUI dise, elle en redemande.
Mais Camille n’est pas dupe, depuis le temps elle a compris. Elle a honte mais elle sait bien qu’il n’y aura pas de voilier là ou vont tous ces enfants qui ont l’air de sortir des ghettos.
Elle ne sait pas d’où lui vient cet instinct qui sait discerner le beau du laid, cette connaissance du « plus » quand on lui fait vivre le « moins », mais il est là, bien ancré en elle, elle lui fait confiance.
Et malheureusement, son instinct lui dit, qu’encore une fois, c’est vers le « moins » que sa mère l’envoie.
Camille ne se sent pas faite pour le « moins » et elle s’isole.
Si elle pouvait se tasser encore plus profond dans son siège et disparaître 1 mois sans rien ressentir, elle le ferait. Mais elle ne le peut pas, elle doit attendre l’âge qui lui permettra de voler de ses propres ailes. Elle sait que ses ailes la conduiront ailleurs. Camille aime l’ailleurs…
En attendant, ses ailes sont scotchées dans le bus qui maintenant est rempli et démarre.
Elle libère un peu sa respiration et réalise qu’il y a une fille a côté d’elle, d’autres devant, derrière et sur les côtés.
Personne ne se connait, "ça au moins c’est bien".
Tout le monde se tait… le bus disparait, les mères lèvent les mains pour dire au revoir. Camille ne regarde pas sa mère, elle ne dit pas au revoir.
Camille voudrait lui dire plein de choses mais, au sens propre comme au figuré, sa mère ne peut "entendre".
Alors puisqu’on ne veut plus d’elle et qu’on lui demande de jouer son rôle, et bien, voilà, elle y va.
Pendant 10 minutes, les enfants s’ignorent en silence. Ils attendent que le plus courageux parle. Ce ne sera surement pas Camille, personne ne l’écouterait de toute façon.
Et puis enfin, un ange se soulève de la rangée devant elle et se retourne vers Camille et sa voisine.
« Bonjour, je m’appelle Dorothée. Et vous ?? »
Elle est drôlement forte cette fille et en plus elle a l’air sympas se dit Camille qui entend sa voisine répondre « Moi, je m’appelle Emma ».
Camille adore les prénoms Dorothée et Emma.
Elles ont de la chance ces filles d’avoir de si beaux prénoms.
Elle, elle porte le prénom d’une femme (autre que sa mère…) que son père trouvait très belle. Il a voulu appeler sa fille comme ça surement pour que Camille soit belle, elle aussi.
Malheureusement Camille n’est pas belle.
Son père a du être déçu et c’est surement pour ça qu’il a abandonné Camille quand sa mère a décidé de divorcer.
Il n’habite pas loin d’ici pourtant, a 5 mn. Il aurait même pu être au départ du bus s’il avait voulu.
Camille sait que ce n’est pas possible, rien de beau comme ça n’arrive plus dans sa vie : Un père et une mère ensemble pour dire au revoir à l’enfant chéri.
Un jour, il y a eu un père et une mère ensemble. Il n’y en a plus. Un jour, il y a eu un enfant chéri. Il n’y en a plus.
Camille n'est plus "chérie".
Elle doit maintenant répondre et donner son prénom aux deux filles qui attendent en la regardant fixement.
Dans un « Grand Moment de Vie »… Camille répond «Je m’appelle Aude ».
Aude, c’est la fille de sa tante. Ça, c’est une fille chérie !! Sa tante et son oncle adorent leur fille unique et la regarde comme une pépite tombée du ciel.
Sa tante n’a que 10 ans de plus que Camille et elles ont passé des heures, des semaines et des années ensemble.
Sa tante a donné de l’amour, de l’attention, de la joie, de la sécurité a Camille jusqu'à ce qu'Aude naisse. Sa tante a tout repris et a tout donné à Aude.
Aude a tout ce que Camille avait et n’a plus.
Camille sait bien ce que cela fait d’être aimée ainsi, choyée et tendrement dorlotée par cette tante si spéciale.
Elle peut même encore ressentir au fond d’elle ce bonheur passé qui émerge et elle ajoute aux deux filles : « En vrai je m’appelle Camille mais tous mes amis m’appellent Aude. Alors appelez-moi Aude ».
Aude est gaie. Elle sait que sa maman l’envoie dans une bonne colonie.
Jamais sa tante n’aurait envoyé Aude en camps sans avoir absolument tout vérifié. Aude se sait aimée et Camille laisse monter en elle l’immense sensation d’être au centre du cœur de ses parents, au centre de l’attention de tous, d’être une fille géniale et plein d’amis.
Camille n’a pas d’amis, mais Aude en a plein et c’est Aude qui part maintenant vers le Paradis... !!!
Aude aime déjà ses nouvelles amies et elle parle, se lève, gigote et raconte des histoires.
Elle sent que tout le monde aime ses histoires et rit quand elle en raconte. Aude est populaire et elle le dit. Tout le monde la croit, Aude est en effet GE-NIA-LE. On se réunit autour d’elle (Camille/Aude) dans le bus.
Personne ne viendrait voir Camille comme ça dans le bus...
Alors Aude abandonne Camille à sa souffrance, sa tristesse et vogue vers le bonheur. Cette colonie sera un moment de félicité absolu !!!
Les copines sautent sur les lits autour de celui d'Aude pour s’attribuer une place autour de cette enfant si sure d’elle.
Les garçons invitent Aude à danser lors des booms car elle a beaucoup de succès et sait danser le rock.
Camille ne sait pas danser... mais elle ne veut pas trop se poser de questions sur ce miracle qui opère.
Elle préfère virevolter et changer de partenaire :)
Elle est gentille avec tout le monde. Camille serait agressive et critique mais Aude n’en a pas besoin.
Tout le monde l’aime alors, elle aime tout le monde! Le petit monde de la colonie est heureux.
Aude embrasse un garçon… Camille est loin...
Ce camp sera un moment de bonheur total. Le mois passa plus vite que toute sa vie passée.
Camille restera oubliée pendant 1 mois...
Bien sûr, il n’y a pas eu les voiliers de la mère de Camille, Normal…
Mais Aude a eu l’Amour de ses amis et une tonne d’activités vraiment rigolotes. Sa tante avait dû tout vérifier. Aude en a profité les yeux fermés.
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Il est temps de rentrer, le mois se finit. On se rue au fond du bus tous ensemble, on s’échangera nos places puis nos adresses, on est bien et heureux de continuer l’aventure ensemble.
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Dorothée est à côté d'Aude. Dorothée lui raconte comment elle vit, sans papa.
Son papa, c’est Dorothée qui l’a fait mettre en prison (Camille savait bien que ces enfants n’étaient pas des enfants du paradis) mais Aude, gentiment, écoute et compatit.
Dorothée a appelé la police quand son papa a commencé à faire "la même chose" à sa petite sœur.
Sa maman savait mais elle n’a jamais voulu en parler avec Dorothée.
Alors elle a appelé toute seule la police et le papa est parti en prison.
Maintenant, Dorothée vit en famille d’accueil, sans papa, sans maman, mais elle a sauvé la vie de sa petite sœur.
Aude peut laisser la place à Camille.
Camille sait bien que sa maman et son papa ne sont pas extra, loin de là, mais jamais ils ne lui feraient ça.
Camille revient et elle est heureuse d’être Camille, elle sort du bus et embrasse sa mère.
"Oui maman, bien-sur, c’était bien ! Tu as bien choisi la colonie - Bravo ". (Dans sa tete, elle pense : Je n’ai pas vu de voilier ni même la mer d’ailleurs... comment est-ce possible d’être comme toi, dis-moi ????)
mais "Bravo maman, tu es une bonne mère, rassure toi".
CE QU’IL FAUT COMPRENDRE DE CETTE HISTOIRE :
Camille et Aude sont deux formes (parmi d’autres) que peut prendre l’ego chez cette enfant. (ou chez l'adulte).
L’un des deux egos fait souffrir. A court terme, l’enfant a raison de prendre l’ego Aude.
L‘Ego se nourrit de ce que nous comprenons du passé OR, ce que nous en comprenons n’a rien à voir avec la réalité.
Ici par exemple, Aude et Camille, qui sont une seule et même personne, vivent différemment une même expérience de camps… et chacune d’elles en nourrira son ego d’une façon différente : Aude gardera en mémoire que les camps sont extraordinaires et que sa mère s'occupe bien d'elle.
Camille, si elle avait fait le camps... en aurait surement conclu l'inverse !!
VIVRE VOTRE VRAIE VIE c’est échapper à l’ego (aussi bien a celui de Camille qu'a celui d'Aude Ils sont VIDES, l'un comme l'autre).
POUR VIVRE VOTRE VRAIE VIE
Vivez au présent sans réfléchir et sans juger de ce qui est BIEN ou MAL puisque c’est l’ego qui vous le dirait.
Laissez ainsi votre VRAI MOI émerger et vous mener vers ce qu'il vous revient d’expérimenter.
Lâcher le contrôle… « JE » EST et VIT quand l’ego « NE SAIT PAS ».